Regardez-les, tel un troupeau de buffles, à Pékin manifester devant l’ambassade du Japon. Ils sont bien pathétiques et ridicules à s’insurger contre la nationalisation nippone des îles Diao yu ou Senkaku. Non que c’est une bonne chose, loin de là. Il ne s’agit pas de prendre parti pour l’un des deux pays. Les réactions que suscitent cette affaire sont bien démesurées. Des deux côtés!
Les manifestants chinois s’en sont pris à la voiture de l’ambassadeur américain, qui soit dit en passant n’avait rien demandé. Les Etats-Unis cherchent surtout à rester en dehors du conflit. Les contestataires ont scandé: « rendez-nous l’argent ». Quel argent? La dette américaine que la Chine détient à hauteur de 25%? Personne ne l’a forcée à la financer! « A bas le colonialisme américain »! C’est vrai, avouons le que les américains sont un peu impérialistes, sinon pourquoi nous inonderaient-ils de leurs films et autres produits culturels quand les notres s’arrêtent à leurs frontières. Reconnaissons-le tout de même, ils sont futés d’utiliser le soft power. Mais comparés à la Chine, leur expansionnisme (excusez le terme), c’est de la blague. (Ils ne faut tout de même pas faire d’amalgame et tomber purement et bêtement dans la généralisation. Le pouvoir chinois a fait entendre qu’il regrettait les évènements de ce matin.)
Bref! Les manifestants, plus que des buffles, sont des muffles, soigneusement manipulés par les autorités chinoises, très intelligentes d’ailleurs. Tout comme le gouvernement japonais. Ils ont sagement fait appel au patriotisme de leur peuple (au chauvinisme, je veux dire), en faisant passer cette affaire (aussi ridicule que les manifestants) pour une invasion ennemie. Et ce alors que les enjeux concernent essentiellement des dimensions économiques (et un petit peu géopolitiques): le contrôle d’une zone maritime suplémentaire, des ressources naturelles, et bien sûr de puissance. Rappelons qu’il n’y a strictement rien sur ces îles.
Cela montre bien que les plaies ne sont pas cicatrisées malgré l’apparent apaisement de ces dix dernières années via les échanges commerciaux. Mais la deuxièmes guerre mondiale est toujours un dur traumatisme pour beaucoup des pays du Sud Est asiatique. La Chine n’est pas isolée dans son animosité envers le Japon. La Corée du Sud non plus ne s’est pas remise de cette cruauté dont a fait preuve l’Empire du soleil levant.
Mais poursuivons notre comparaison avec la guerre. Cette situation tendue entre la Chine et le Japon dure depuis… Longtemps, comme si elle avait toujours été ainsi. Comme le France et l’Allemagne de 1914. Et de même, l’une des raison de la première guerre mondiale était une lutte de territoire. La perte humaine s’est élevé au lendemain de l’armistice de 1918 à vingt millions de morts sans compter les vingt autres millions de blessés et tous ceux qui ont laissé leur famille, leurs illusions et leur innocence dans cette boucherie. C’est d’ailleurs à peu près le bilan du maoïsme, avec ses (environ) quarante millions de victimes. Alors brandir la photo de cet homme n’est-il pasnaïf? Les chinois s’appuient-ils sur leur roman national qui fait de Mao un dsauveur, plus qu’un assassin? C’est un mythe!
Dans un monde mondialisé, surtout en ce qui concerne deux grandes puissances, chacune de leur action a une conséquence sur notre vie (plus ou moins directement). Le monde connaît aujourd’hui suffisamment de tensions, de chocs des civilisations pour s’encombrer de conflits aussi sordides. La solution serait peut-être de créer un « corpus separatum » comme pour Jérusalem en 1947 sous contrôle international.
Espérons que nous n’en sommes pas aux prémices d’une troisième guerre mondiale…
Les Ribambelles 